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En coupant le corps et l’esprit des sollicitations extérieures, la flottaison en isolation sensorielle permet de lutter contre le stress quotidien. Encore peu connue en Suisse romande, les centres s’y multiplient.

« Flotter » pour se ressourcer hors du monde et du stress

En coupant le corps et l’esprit des sollicitations extérieures, la flottaison en isolation sensorielle permet de lutter contre le stress quotidien. Encore peu connue en Suisse romande, les centres s’y multiplient.

Le malheur des hommes, écrivait Pascal, est de ne pas savoir se reposer dans une chambre. Il ne croyait pas si bien dire. Rien, depuis le 17e siècle du scientifique français, ne s’est arrangé. Le monde contemporain est une source continuelle de surcharge d’informations mentales ou sensorielles et de stress. De partout, les corps et les esprits sont sollicités, continuellement. Bruit, pollution, réseaux sociaux. Comment ralentir et se recentrer? En « flottant ». C’est la réponse proposée par des centres de bien-être d’un nouveau genre qui se multiplient en Suisse romande.

Plus de gravité ni de chaleur

Le concept? S’allonger, pendant une heure à une heure et demie, dans un cocon fermé et rempli de 1000 litres d’eau et de 550 kilos de sel d’Epsom (sulfate de magnésium). Plongé dans l’obscurité et l’absence de bruit, l’organisme atteint un repos complet de tous les sens. Pour l’avoir testé, la promesse n’est pas un leurre commercial. La constitution du fluide fait qu’on s’enfonce profondément dans l’eau sans avoir pour autant à faire d’efforts pour rester en suspension. À la fin de la flottaison, même si les premières fois cela peut mettre un peu de temps à se manifester, la détente physique et psychique est totale. « La répartition sel-eau fait qu’on est totalement libéré des effets de la gravité. On flotte sans contrainte de son poids », confirme le Dr Michael Ljuslin, conseiller médical du centre de flottaison Origin à Genève qui propose cette expérience depuis quelques semaines.

Avec une eau qui a la même température que la surface de la peau (36,4°C), l’organisme n’a plus besoin de réguler sa température et donc de produire de la chaleur. Au cours de l’expérience, l’eau s’évapore dans le cocon qui s’humidifie: la différence entre la partie immergée et émergée du corps s’estompe. L’absence de stimulation est totale. « Le sel d’Epsom joue également un rôle important, ajoute le médecin genevois. Il est fortement chargé en sulfate de magnésium, un élément impliqué dans la production de plus de 350 enzymes dans le corps et qui est utilisé depuis l’Antiquité contre les rhumatismes. »

Pour Michael Ljuslin, la flottaison crée une bulle qui, par un mécanisme que les scientifiques ne comprennent pas encore complètement, pourrait amener celui qui en fait l’expérience vers des états de conscience qu’on qualifie de « non ordinaires » : « Le cerveau ralentit et se met dans un mode intégratif: les vécus sensoriel et mental ne font plus qu’un. On arrête de planifier le futur ou de se réexpliquer le passé, on est simplement présent au monde qui nous entoure et/ou qui se manifeste en nous. » En étant dans l’attention au ressenti corporel plus que dans le mental ou la cognition, le corps et l’esprit sont un peu plus proches de leur état d’union ancestral et peuvent ainsi se ressourcer, se régénérer.

Effet durable?

Si la sensation de relaxation intense qui suit l’expérience semble acquise, la grande question est de savoir si les effets d’une flottaison peuvent perdurer au-delà du moment où elle a lieu. En 2018, le neuropsychologue Justin Feinstein a démontré dans une étude que cette technique réduisait considérablement la symptomatologie anxieuse et dépressive de ses patients, et générait en contrepartie du calme et du bien-être qui perduraient au-delà de la flottaison. « Des études sur les bienfaits thérapeutiques de la répétition de la flottaison sur le long terme doivent encore être menées, commente le docteur Ljuslin. On peut toutefois penser que le phénomène est le même que pour la méditation ou l’hypnose: l’organisme s’entraîne à répondre aux stimulations du monde extérieur de manière plus corporelle, plus intuitive et moins cérébrale. » Sans le poids de la rumination mentale, l’organisme répondrait ainsi de manière plus performante et créative aux sollicitations extérieures. L’isolement sensoriel en apesanteur créé par le cocon pourrait ainsi avoir des effets bénéfiques sur le sommeil, la créativité et le stress. Certains athlètes de haut niveau l’utilisent aussi pour visualiser mentalement des combinaisons de mouvements complexes à reproduire à la perfection. « La flottaison libère des potentiels qui sont propres à chacun, conclut Michael Ljuslin. Il n’y a pour l’heure pas d’applications médicales spécifiques reconnues. Cependant, elle est et restera une porte ouverte sur un espace intime et personnel. Une invitation où chacun peut aller à la découverte de son univers intérieur et son potentiel insoupçonné. Libre à chacun de s’y plonger. »


Texte : Michael Balavoine

Source : planète santé

Image : ©iStockphoto.com